Compte rendu de la réunion ordinaire du Haut-Conseil de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD)

 

Le Haut Conseil de l’UNDD a tenu en ses lieux habituels de rencontre, sa réunion statutaire ordinaire, le samedi 05 octobre 2019 à partir de 10h45m, autour de l’ordre du jour suivant :

– la manifestation d’encouragements à Maître Hermann YAMEOGO, Président du parti UNDD, en cette veille de procédure d’appel relative au procès du putsch dans laquelle il figure au nombre des accusés ;

– la situation d’incarcération du journaliste OUEDRAOGO Adama Damis et l’appel à sa libération provisoire à la suite d’autres demandes du même genre ;

– l’examen de la situation de la vie nationale marquée de l’avis général par des évènements de plus en plus dramatiques ;

– l’intervention du président du parti sur la vie nationale à travers les données les plus saillantes.

– Les informations et divers.

Ont participé à la rencontre les membres du Haut-conseil élargis à des représentants des structures locales des femmes et des jeunes.

Avant d’aborder les points inscrits à l’ordre du jour, un mot de remerciement a été exprimé à l’endroit des militants et sympathisants, pour leur participation effective à la rencontre et pour leur soutien indéfectible au parti et à son président.

A la suite de ce mot introductif, le Président du Conseil des régions et le Secrétaire général ont donné respectivement leurs appréciations par rapport au contexte d’ensemble du climat social et politique qui pèse actuellement sur le peuple burkinabè. Il s’agit notamment de la guerre djihadiste qui sévit contre le pays et dont les manifestations sont quai quotidiennes, entraînant la perte de contrôle de portions importantes du territoire national, des déplacés en nombre mais surtout des endeuillements qui accusent définitivement l’incapacité du pouvoir à assurer aux burkinabè, l’obligation constitutionnelle minimale de sécurité. Il s’agit également de la question de la réconciliation nationale que les pouvoirs publics semblent accorder très peu de souci. Ce préalable, indispensable au rétablissement du dialogue entre les acteurs politiques et le peuple dans sa diversité a été demandé de vive voix par l’UNDD et d’autres partis politiques dans l’optique d’apporter la paix des cœurs, d’apaiser le climat sociopolitique, de rétablir la confiance entre les frères burkinabè, de restaurer l’autorité de l’Etat, le tout dans le vouloir de la communauté nationale de vivre dans la quiétude, dans la sécurité et dans le bien-être.

Suite aux éclairages apportés par les deux (2) responsables du Haut-conseil, la parole est revenue au Président du parti qui a apprécié de façon positive les interventions précédentes et s’est réjoui de la tenue de cette rencontre statutaire, notamment centrée sur la situation dramatique que vit notre pays. Dramatique au regard de la nature et des défis globaux auxquels nous sommes tous confrontés. Dramatique en considération de notre incapacité à privilégier l’union sacrée pour y faire face. Son intervention a porté sur les points les plus saillants du contexte national, sans amertume mais également sans complaisance.

Des menaces globales et collectives avérées

Le Président YAMEOGO a rappelé qu’aux lendemains de l’insurrection/coup d’Etat des 30 et 31 octobre 2014, quand par la terreur d’Etat on célébrait l’avènement de cette ère de liberté où ruissèleraient le lait et le miel à perpétuité, il était un blasphème et même un crime contre la patrie, le fait de proférer la moindre critique sur la situation nationale et de tenir à ce sujet un langage différent de celui de l’officialité. Jusque récemment les mêmes  anathèmes étaient réservés à ceux qui critiquaient le régime KABORE. Mais depuis, les masques sont tombés et bien des artisans, comme des gardiens du temple,  revenus de leurs illusions premières, ou passés eux-mêmes sous les fourches caudines du système, sont maintenant classés au nombre des plus farouches vilipendeurs de cette gouvernance sous laquelle ploie le pays tout entier. Ils se sont mués en apostropheurs qui iront parfois jusqu’à regretter comparativement le temps d’avant.

Le Président Hermann a fait remarquer que se taire ou faire interdiction aux citoyens de parler du drame national quotidien, surtout lorsqu’on est en autorité, participe de l’aggravation de la situation et est passible, à tout le moins, de non-assistance ou de complicité de non-assistance à patrie en danger. C’est pour cette raison que les responsables de l’UNDD parlent depuis des années, non pas par affectation et en trompe l’œil, mais par la conviction et avec toujours des contre-propositions à la clé.

De la fuite en avant du pouvoir

La situation de guerre que nous vivons aujourd’hui a atteint un stade ou la responsabilité du pouvoir est pleinement engagée. Mais tout se passe comme s’il s’accommodait finalement de l’insidieuse hécatombe et de la déréliction à pas forcés de l’Etat. Notre Etat, c’est un constat indiscutable, va en couille.

La guerre a eu pour conséquences, outre de nous coûter des morts dont le nombre en chiffre évolue allègrement vers le millier, mais de nous faire perdre des portions importantes de notre territoire national. Pire, cette guerre a été génératrice de drames en cascades : violences intercommunautaires, déplacés internes passant de 47.826 personnes en fin décembre 2018 à 219.756 en mai 2019, déscolarisation de masse avec 2344 écoles toujours fermées, plus de 9 000 professeurs en chômage forcé, 145 000 enfants privés du droit à l’éducation (selon l’ONG Save the Children). Bref, tous les plafonds sont manifestement crevés en ce début du mois d’octobre, entraînant des impacts socioéconomiques négatifs qui contribuent l’un dans l’autre à l’affaiblissement des bases et de l’autorité de l’Etat.

C’est pour ces diverses raisons qu’on en vient de plus en plus à exprimer des craintes quant à la survie de notre Etat. En effet, comment dans cette situation de déliquescence, l’Etat pourrait-il être en mesure de contrôler les finances publiques, de les protéger contre les détournements, de garantir une offre sérieuse aux demandes sociales de base, d’assurer à tous la sécurité physique et juridique ? Comment un tel Etat pourrait-il être crédible quand il engage un recensement général de la population pendant que le pays est en guerre avec autant de zones inaccessibles et de populations déplacées ?

De la voie garantie de l’effondrement

Cette funeste éventualité de la disparition de notre Etat est d’autant moins une utopie que l’armée vit une historique déstructuration avancée et que l’exemple malien achève de nous convaincre de son possible écroulement quand on réalise que, sans l’opération française Serval, les djihadistes se seraient emparés de la capitale et du pouvoir d’Etat. Les évènements survenus en Somalie, en Haïti, en Moldavie comme en Afghanistan nous en donnent de parfaites illustrations d’Etats faillis ou récupérés.

Dans notre pays, nous voyons tous les évènements évoluer négativement de jour en jour, vers l’irréparable et sans l’impulsion d’aucune volonté collective partagée et structurée d’y trouver les meilleures parades. Au contraire, tout se passe comme s’il fallait tirer profit personnel, idéologique ou électoral du chaos. Et de ce point de vue, la critique dépasse les cadres politiques et partisans traditionnels, de même que les clivages majorité/opposition pour s’appliquer à tous.

Cela est d’autant plus déconsidérant pour les luttes menées dans le passé, afin de consacrer le droit à la différence et à la démocratie pluraliste, que l’opposition par son silence et par son abdication à conduire la lutte de terrain pour la défense des libertés publiques et démocratiques comme des droits sociaux en péril, en vient à ramer en quasi harmonie avec le pouvoir. Elle laisse, par le fait, un espace politique vacant et des militants désemparés prêts à se constituer en chair à canon de toute force ayant le courage du combat, même dans des conditions de radicalité extrêmes.

Le temps est à la catastrophe et pourtant, de part et d’autre, on en a que pour les élections, même si des morts nous en devrions en supporter des dizaines de milliers en plus. Qu’importe d’ailleurs que les attaques s’accroissant, on ne se retrouve qu’avec la seule circonscription électorale du Kadiogo, pour ne pas dire de Kossyam.

Sur la lancée et pour mieux assurer ses prises, le pouvoir entreprend, dans la neurasthénique réserve des contre-pouvoirs de la société politique et civile, une domestication de la justice allant jusqu’à des violations à ciel ouvert de la Constitution, et comme qui peut le plus peut le moins, à des atteintes aux libertés syndicales comme vécue avec la répression de la marche des syndicats le 16 septembre 2019. Cela nous donne l’occasion de rappeler que les Droits de l’Homme sont un tout à défendre en tout temps et en tout lieu, indépendamment des hommes qui en sont privés et indistinctement des options politiques et idéologiques des uns et des autres.

Nous disons au total que, non seulement le pouvoir pêche par son incapacité à venir à bout de nos défis nationaux, mais tout aussi grave sinon plus encore, qu’il refuse toutes propositions faites pour en sortir.

L’Offre de sursaut contre l’écroulement de l’Etat et le refus du pouvoir

Nos gouvernants devraient commencer à prendre les choses au sérieux, en adoptant un langage de vérité et des postures plus soucieuses des priorités que sont la sécurité, la cohésion sociale et toutes les mesures qui favoriseraient l’union sacrée pour conjurer le sort funeste que nous réserve la guerre djihadiste et ses effets collatéraux. Une telle option d’abandon du déni qui mettrait en sommeil la furia électoraliste, la course effrénée à l’enrichissement sauvage et le populisme frénétique d’Etat, devra être accompagnée de mesures concrètes et rapides telles :

– Une amnistie politique générale avec pour effet la libération des détenus politiques dont les militaires, avec en tête les généraux Gilbert DIENDERE et Djibril BASSOLE qui ont des compétences attestées dans le renseignement pour le premier et dans la diplomatie pour le second. Il s’agit bien d’une amnistie politique (ou à tout le moins grâce amnistiante), comme on l’a vu en Côte d’Ivoire, et non une grâce présidentielle qui laisserait subsister condamnation et inscription au casier judiciaire ;

– le retour dans la liberté et la dignité des exilés et en premier du Président Blaise COMPAORE ;

– le lancement d’un dialogue national inclusif avec la participation de personnalités ayant des compétences internationalement reconnues dans les questions qui alimentent la crise nationale. Un dialogue qui, entre autres propositions pour la paix et la concorde, n’exclura ni la négociation avec les groupes armés, ni les questions essentielles que sont : la réorganisation (dépolitisée) des forces de défense et de sécurité (FDS), la vérité sur les crimes en politique, sur les atteintes aux biens de l’Etat et à la mémoire nationale et ce en pleine considération des réparations induites. Le tout devant se faire dans la recherche du concours technique et financier des partenaires.

Avant de faire place aux échanges, le président Hermann Yameogo a tiré la conclusion que , face au risque d’effondrement de l’Etat soulevé par le journal « Le Monde » en pleine contradiction avec l’ancien ambassadeur de France Xavier Lapeyre de Cabanes qui en était, quant à lui, à soutenir déjà en pleine débâcle que le meilleur était à venir, le Présent du Faso ne peut plus ni tirer au flanc, ni prétexter d’attendre la fin des travaux de sa justice commando ou brandir les obstructions des organisations de la société civile pour fuir la réconciliation nationale.

A la suite du mot du Président sur la situation nationale, une discussion générale s’est conséquemment ouverte avec les membres présents à la rencontre.

D’emblée, tous ont renouvelé les encouragements au président du parti et lui ont souhaité une santé de fer, persuadés que le temps déjà en marche sera son plus grand réparateur. Ils ont convenu ensuite que la situation nationale avait atteint le stade où la passivité des citoyens serait aussi condamnable que celle du pouvoir.

Les dernières attaques perpétrées à Komsilga, à quelques 100 kilomètres d’Ouagadougou qui consacrent en un pied de nez des plus humiliants, le processus d’encerclement de la capitale ont été, de l’avis des participants à la rencontre, un signal de plus (sinon de trop) que la coupe étant pleine, il fallait dorénavant plus d’actions que de vocabulaires.

Les intervenants ont particulièrement insisté à cet égard sur l’union sacrée qui doit être un réflexe national pour enclencher l’action libératrice. Dans la recherche de cet objectif prioritaire, il a été exprimé le souhait que les candidats déjà déclarés pour les prochaines élections, sachent montrer dans leurs propos et comportements, qu’ils ne sont pas insensibles au cauchemar que vit le peuple. Mieux, lesdits candidats devraient, dans une adresse solennelle commune au Chef de l’Etat, compte tenu des dérapages continus de l’état de guerre, poser des préalables clairs à leur participation aux scrutins de 2020, pour ne pas donner l’impression d’arrangements obscurs pour y prendre part vaille que vaille.

Pour le cas des généraux et militaires en détention, les participants en ont relevé avec véhémence le caractère totalement anachronique et ont demandé aux premiers responsables du parti de n’avoir de cesse de se battre aux côtés d’autres bonnes volontés, à l’effet d’obtenir leur libération pour les besoins du front.

En outre, les participants ont, après de longues échanges, fini par regretter que les autorités coutumières et religieuses de notre pays dont certaines étaient en pointe durant la crise qui a conduit à l’insurrection et à ses suites, soient actuellement si en retrait de cette quête de concorde et de réconciliation nationale qui manquent si cruellement au pays. L’exemple donné par le Calife général des Mourides en déclenchement du mouvement de réconciliation au Sénégal a été félicité et recommandé.

Par ailleurs, l’un des constats frappants relevés et qui a fait l’objet d’échanges nourris est relatif à la tendance du pouvoir à créer des instances « bidon » ou à avoir des initiatives de même nature pour endormir le peuple burkinabè, quitte à ce jeu à dépenser des milliards en pure perte. C’est le cas du Haut-conseil pour le dialogue social et du Haut Conseil pour le Réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN). Que de paroles, de faux semblants, de coquilles vides, de perte de temps et d’argent. C’est également le cas avec le dialogue politique fermé qui a été une pure insulte à l’intelligence des burkinabè, surtout avec les communiqués officiels bidouillés tendant à donner, contre les faits, le sentiment d’une avancée victorieuse des FDS contre les terroristes.

Selon les participants, tout cela est significatif du choix pris de jouer avec la crédulité populaire, le tout 2020 étant la seule obsession pouvant éveiller l’action soutenue du pouvoir.

Ils ont ensuite souligné que tous les burkinabè politiquement engagés ou non, responsables ou non, devaient n’avoir qu’une seule priorité « délivrer la patrie de l’occupation, apaiser les souffrances du peuple, restaurer la concorde nationale et, pour cela, taire les querelles de seconde zone, notamment celles politiques et électoralistes, car c’est parce qu’il y a un Etat pacifié qu’on peut organiser des élections pour en conquérir le commandement ».

Concernant les élections à venir, les membres présents ont suggéré plusieurs options à envisager, au cas où, contre vent et marée, elles viendront à être organisées. Par exemples, on pourrait décider de ne pas prendre part, de laisser le libre choix aux militants, d’y participer de façon indépendante ou de privilégier les alliances globales ou sélectives. Dans le cas de participation (autonome ou en alliance) et même dans celui de la liberté de choix, la ferme instruction à donner serait de toujours se situer dans le camp de l’opposition et d’éviter ainsi les déperditions de voix des électeurs de l’alternance pour des questions subjectives.

Au titre du point concernant les divers, les participants ont été tenu informés du décès de l’ancien président français Chirac, de la procédure d’impeachment contre le président Trump, des crispations politiques en Côte d’Ivoire, du bel exemple de décrispation que vient de nous donner le Sénégal avec la réconciliation SALL et WADE, suivie de la grâce accordée par le président sénégalais à Khalifa SALL. Tous ont relevé les mérites qui reviennent au Calife général des Mourides d’avoir été à la manœuvre pour le déclenchement de cette dynamique d’apaisement.

Enfin, les membres présents ont souhaité que les dialogues amorcés en Mauritanie et au Cameroun soient sincères, consensuels et qu’ils couronnent, en bout de course, ces heureuses initiatives de succès. Ils ont également évoqué avec respect et émotion, la grève de la faim de Oumarou TAPSOBA, pour la libération du général Gilbert DIENDERE afin qu’il contribue à la lutte contre les terroristes.

Ce dernier point a mis fin à l’ordre du jour de la rencontre et la séance a été levée aux environs de 13 heures 05 m après les remerciements réitérés du Président du parti à l’endroit des participants.

Ouagadougou le 05/ 10/ 2019

 

Secrétaires de séance

 

Noël YAMEOGO                                                                                                                           Président de l’UNDD

Amadoun DIALLO                                                                                                                Me HERMANN YAMEOGO

 

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