Violences post-électorales en Côte d’Ivoire : une inculpation à Grand-Bassam

Le 31 octobre 2018, la justice ivoirienne a procédé à l’inculpation d’Adama Kamagaté, directeur de campagne adjoint du maire sortant de Grand-Bassam (PDCI). Appris par Jeune Afrique, il conteste l’élection à la mairie, de son rival du RHDP.

Plusieurs chefs d’accusation de troubles à l’ordre public, de vol, meurtre, pillage, incendie, de séquestration et de destruction volontaire de biens d’autrui et de biens physiques, ont été retenus, le 31 octobre, contre Adama Kamagaté. Cet enseignant de lycée, arrêté, la veille à son domicile, et conduit sous forte escorte, à la préfecture de police d’Abidjan, était le directeur de campagne adjoint de Georges Philippe Ezaley, le maire sortant de Grand-Bassam (dans le sud d’Abidjan), affilié au PDCI d’Henri Konan Bédié.

Pour Me Gohoré Emile Suy Bi, avocat du PDCI, l’inculpation de son client, qui a passé sa première nuit à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) est politique. « Le juge reproche à notre client d’avoir jeté des pierres et d’avoir hué le vice-président Daniel Kablan Duncan, le roi (des N’Zima, sa majesté Désiré Tanoé) et la gouverneure générale du Canada, Julie Payette, lors de sa dernière visite officielle à Grand-Bassam ».

Le dimanche 28 octobre, une cinquantaine de supporteurs du maire déclaré perdant par la Commission électorale indépendante, au profit de Jean Louis Moulot, du RHDP, avaient organisé une bruyante manifestation devant le palais royal de Désiré Tanoé, qui recevait la visite de la gouverneure générale du Canada. Cette manifestation diversement appréciée en Côte d’Ivoire faisait partie d’une série d’actions publiques organisées par des proches d’Ezaley qui a lui-même été entendu, durant plusieurs heures, par la police.

« Sur tous ces faits qui lui sont reprochés, notre client a indiqué qu’il n’était pas sur les lieux, lorsque ces événements se déroulaient et donc qu’il n’était pas impliqué. En un mot, il a nié tous les faits qui lui sont reprochés », soutient Me Suy Bi. Le PDCI compte déposer un recours en vue de la libération de Kamagaté et l’abandon des charges. Grand-Bassam est devenu le symbole des violences pendant et après les élections locales du 13 octobre, qui ont éclaté dans plusieurs villes du pays et ont causé la mort de cinq personnes. Au cœur de la contestation : des chiffres proclamés par la commission centrale présidée par Youssouf Bakayoko et non reconnus par le camp du maire sortant.

Dans un rapport publié quelques jours après les élections, Actions pour la promotion des droits de l’homme (APDH) a pointé la responsabilité directe de la CEI, dans de nombreuses irrégularités. « Ces élections ont fait apparaître, dans certaines circonscriptions, plusieurs cas de fraudes ou tentatives de fraudes notamment le bourrage d’urnes, la falsification des procès-verbaux, l’inversion des résultats », a dénoncé l’ONG à l’origine d’une plainte contre l’État de Côte d’Ivoire auprès de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).

La réforme de la CEI est réclamée par l’opposition et par le PDCI. Début août, le président Alassane Ouattara avait concédé sa recomposition, comme le recommandait la CADHP. Les négociations avec les acteurs politiques devraient être entamées sur cette réforme sensible, dans la perspective de la présidentielle de 2020, après le verdict final de la chambre administrative de la cour suprême qui devrait statuer sur une centaine de recours en annulation, déposés par des candidats.

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