Une figure emblématique du PDCI, Jean Konan Banny est décédé en Côte d’Ivoire

Jean Konan Banny, aîné de la célèbre fratrie des Banny de Yamoussoukro, capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire, est décédé ce dimanche 27 mai à Abidjan. Appris par Jeune Afrique, c’est une figure emblématique du PDCI, fondé par Félix Houphouët-Boigny, qui vient ainsi de tirer sa révérence.

« Il avait une santé précaire, due à son âge. Son état s’est dégradé rapidement vendredi 25 mai et il a été conduit à la Polyclinique Sainte Anne-Marie (Pisam) de Cocody. Il est décédé en début de soirée », affirme une source proche de la famille.

Jean Konan Banny, 89 ans, était une figure emblématique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Proche de Félix Houphouët-Boigny, père de l’indépendance et natif comme lui de Yamoussoukro, il faisait partie de la première génération des militants du PDCI engagés dans la lutte anti-coloniale, après celle des « pères fondateurs ». Son militantisme au sein du parti fondé par Houphouët remonte aux années 1950, à son retour de France où il avait suivi des études d’avocat, financées par Houphouët, alors député de la colonie de Côte d’Ivoire.

Nommé Premier ministre, en 1958, Houphouët avait fait de Banny son directeur du renseignement civil, avant de le désigner comme ministre de la Défense, après l’accession de la Côte d’Ivoire, à l’indépendance, le 7 août 1960. Mais dès 1963, les relations entre les deux hommes se sont dégradées. Suite au coup d’Etat opéré au Togo, en janvier de la même année, contre le “père fondateur” Sylvanus Olympio, par des militaires dont Gnassingbé Eyadéma, Houphouët a commencé à se méfier de son entourage. En août 1963, plusieurs personnalités sont arrêtées et jetées en prison, sous le prétexte de divers complots plus ou moins vérifiés, récents ou passés. Parmi celles-ci : Jean Konan Banny.

Condamné à mort, à l’instar d’autres inculpés, à l’issue d’un procès expéditif organisé au domicile privé d’Houphouët à Yamoussoukro, il fut gracié et réhabilité dans ses fonctions, quatre ans plus tard, par Houphouët qui dut admettre des erreurs de jugement de sa part.

Redevenu un homme fort du système Houphouët, Banny est rapidement devenu un rival à Henri Konan Bédié, qui avait rejoint l’équipe gouvernementale en 1966, en qualité de premier argentier africain du nouvel État.

En 1985, il s’était fait élire maire de Yamoussoukro, un poste qu’il occupa pendant dix ans. Arrivé aux affaires, suite au décès d’Houphouët en 1993, Bédié avait nommé Banny comme ministre résident du district autonome de Yamoussoukro, un poste taillé sur mesure pour un rival à la grande gueule. À Yamoussoukro, il laisse un PDCI divisé en différents clans.

Alors membre du conseil politique du PDCI, une sorte de conseil de sages, Jean Konan Banny avait soutenu le combat de son cadet Charles Konan Banny, qui était dans un premier temps, intéressé par le « canari » (image utilisée par le défunt pour représenter le PDCI) du parti tenu fermement par Bédié, puis dans un deuxième temps par la magistrature suprême face à Alassane Ouattara en 2015.

Retiré de la vie publique, Jean Konan Banny s’était alors essentiellement consacré à ses affaires, dans le domaine de la transformation et de l’exportation de jus de fruits. Ces dernières années, les sorties publiques de Jean Konan Banny étaient rares, sa présence médiatique presque inexistante.

À Yamoussoukro, il laisse un PDCI divisé en clans et une fratrie qui continue d’avoir son mot à dire dans la politique locale. Au siège du PDCI à Cocody (Abidjan), on s’active à rendre un grand hommage à un homme dont la mort commence à tourner la page de l’histoire des militants de la première heure de ce un parti qui totalise 72 ans d’existence.

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