Tunisie : Souad Abderrahim, la première maire de la capitale

Ce mercredi 4 juillet 2018, la ville de Tunis connait pour la première fois de son histoire, une femme à la tête de sa capitale politique. Au balcon de la mairie de Tunis, vêtue d’un élégant chemisier crème, elle salue la foule sobrement, retenant son émotion. Et pour cause : Souad Abderrahim, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, vient d’être élue maire de Tunis. C’est la première femme à occuper ce poste depuis la création de la municipalité en 1858. Enfin, c’est la première fois que le parti islamiste Ennahda est à la tête de la capitale tunisienne.

Elle fait partie du bureau politique d’Ennahdha depuis 2016, date du dixième congrès qui a décidé de l’accès de « non encartés » à cette instance consultative. La politique, elle l’a découverte avant la révolution de 2011. « Ce n’est pas au sein de ma famille que je me suis politisée », confie-t-elle. C’est au lycée, au début des années 1980, qu’elle assiste aux affrontements sanglants entre les islamistes et la gauche dans l’université de la Manouba, dans la banlieue de Paris. Souad Abderrahim est active dans la sphère de cette tendance politique depuis plus de trente ans, tout en revendiquant jalousement son « indépendance » : « Je n’ai jamais été encartée à aucun parti, ni au Mouvement de la tendance islamique, ni à Ennahda », insiste-t-elle au lendemain de sa victoire le mercredi 4 juillet 2018 à la municipalité de Tunis.

« Je n’ai jamais accepté cette opposition au sein du mouvement syndical dont l’ennemi principal était la dictature », se souvient-elle. Quelques années plus tard, élue au conseil scientifique de la faculté de pharmacie, alors que le syndicat étudiant mené par la gauche est en crise, mis au pas par le régime, elle assiste en tant que représentante des étudiants, en 1985, à la création de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), dominée par les islamistes. Elle y adhère tout en regrettant la scission du mouvement syndical.Après l’interdiction de l’UGTE par Ben Ali en 1991, elle fonde l’Association des anciens du syndicat. Elle obtient son diplôme de pharmacie l’année suivante et intègre une société de vente de médicaments en gros, avant de fonder la sienne, en 2002. Activité que la loi lui impose de quitter pour pouvoir présider la municipalité. La nouvelle « cheikha » de la ville est née il y a cinquante-trois ans à Sfax (est) dans une famille de la classe moyenne. Deuxième d’une fratrie de sept, elle est la fille d’un fonctionnaire actuellement à la retraite et d’une mère au foyer, tous deux originaires de la région de Métouia, dans le sud. Pharmacienne, mère de deux enfants, elle vit aujourd’hui dans un quartier résidentiel de Tunis.

 

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