Situation économique : Les commerçants, mécontents des douaniers et des agents des impôts

La Fédération Somkieta « Construisons le Faso ensemble » a animé, ce jeudi 28 mars 2019, une conférence de presse à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre médiatique, les commerçants ont dévoilé leur mécontentement face aux différentes exactions dont ils sont victimes au service de douane et au ministère de l’économie.

La Fédération Somkieta a donné de la voix face à la situation sécuritaire du Burkina Faso dont ils sont les premiers touchés. En plus de cette situation, ils sont confrontés aux problèmes de « ralentissement de l’activité économique et sociale ». La corruption, la fraude, la contrefaçon, la concurrence déloyale, la falsification des emballages de certains produits et des documents sont, selon Boureima Kaboré, le « quotidien de l’incivisme qui prend l’économie en otage ».

La corruption prend de l’ampleur dans les services de douane et des impôts. La fin du contrat entre l’État et la Cotecna a permis à cette pratique de s’imposer dans lesdits services car aucun contrôle n’existe. Ce qui conduit à l’utilisation des identifiants fiscaux uniques (IFU) dans certaines sociétés. Pour être plus explicite, la fédération a posé le problème par point. « Pour les taxes de quarante millions de douane, le commerçant peut ressortir avec une quittance variant de six cent mille à huit cent mille contre une somme inférieure à la valeur normale », explique monsieur Kaboré, le Secrétaire général de la fédération. En effet, une différence se fait ressentir entre le dédouanement fait et la quittance reçue. La raison est que le dédouanement se fait par camion pourtant « l’OMD et la CEDEAO ont établi de façon claire et nette, un barème d’imposition de dédouanement. Il s’agit de la valeur et non le volume », ajoute-t-il. Le dédouanement qui doit se faire selon la valeur de la marchandise se fait selon son volume. Ce qui conduit la fédération à se questionner sur le patriotisme de la douane burkinabè.

En outre, ils rencontrent toutes sortes de difficultés dans le ministère des finances et de l’économie avec les agents de recouvrement qui accusent le « manque de réseau informatique » pour traiter leur dossier de versement des impôts, demande de papiers… C’est pourquoi, « les petites et moyennes entreprises (PME) sont disqualifiées dans les concours du marché public marqué par le manque de certaines pièces administratives délivrées par le trésor et les bureaux des impôts. Souvent les dossiers de certaines sociétés ne passent qu’après avoir donné un pot de vin. On se pose la question, « où se trouvait le réseau ? », déplore monsieur Kaboré.

« Lorsque nous voulons les papiers de nos impôts, ils nous font savoir qu’il n’y a pas de réseau. Si nous faisons un geste, le réseau réapparait. Nous savons qu’il y a le réseau mais si nous allons continuer dans cette lancée, nous détruirons notre pays, chose que nous ne ferons pas. C’est pourquoi nous nous sommes unis pour faire cette conférence et dénoncer ce problème. Il n’y a jamais le réseau pour percevoir les impôts, emprunter aux banques, avoir les papiers pour les marchés, gérer nos employés mais il y en a pour recevoir leur salaire », renchérit El Hadj Lassané Ouédraogo, président de la fédération puis d’ajouter : « Ils veulent nous forcer à faire ce que nous ne voulons pas. Nous n’indexons pas les autorités du pays mais les agents qui ne veulent pas du bien du pays ». Pour eux, les « terroristes économiques » (qualificatif des agents des impôts) ne prennent pas en compte les taxes d’imposition de certaines sociétés.

Au vu de toutes ces difficultés, les commerçants veulent une clairvoyance dans les activités de la douane. Les valeurs déclarées à la douane et la quittance se diffèrent et sollicitent la création d’une structure ou le renouvellement de l’accord avec la Cotecna pour éviter la fraude et dénoncer l’évaluation des marchandises par camions

La fédération Somkieta, à travers cette sortie médiatique, a interpellé également le gouvernement sur leur sort et jette le regard sur les services de douane qui, selon eux, sont « complices de la fraude qui sévit de nos jours ». Pour pallier ces difficultés, elle propose ainsi au gouvernement, la mise en place d’un comité de suivi contrôle et de règlement des litiges entre les acteurs de l’économie, qui sera chargé de régler les problèmes et d’un comité autonome. Aussi, la fédération demande la création d’une structure nationale patriotique. Elle a, toutefois, déploré la disparition de la Cotecna avec pour conséquence la porte d’ouverture aux maitres de corruption et des grands corrompus. « C’est un cri de cœur que nous lançons aux agents du ministère de l’économie et des finances. Les politiciens passent mais les institutions restent. Ce qu’ils créent au niveau du ministère est très grave. Le slogan “il n’y a pas de réseau” retarde le travail du marché et la gestion des employeurs. Qu’ils se mettent au travail ! », lance monsieur Kaboré

En rappel, la Fédération Somkieta a été créée en 2016 et regroupe plus d’une cinquantaine d’associations et de syndicats présents dans 8 régions du Burkina Faso.

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