Primaire : éliminé dès le 1er tour, Nicolas Sarkozy condamné à la retraite politique

  Fin d’une carrière politique de 40 ans en forme de sortie de route pour Nicolas Sarkozy, sèchement éliminé, dimanche, dès le premier tour de la primaire à droite. L’ex-président voit, cette fois-ci, ses ambitions à la fonction suprême balayées.

Il rêvait d’être le premier à réussir le retour d’un ex-chef de l’État à l’Élysée, mais c’est une soirée cauchemardesque qu’a vécue Nicolas Sarkozy, dimanche 20 novembre. Éliminé dès le premier tour de la primaire de la droite et du centre pour 2017, battu par son ancien premier ministre François Fillon, il voit ses ambitions balayées.

“Il n’y a pas de plus grosse humiliation pour Nicolas Sarkozy que d’être éliminé, dès le premier tour de la primaire, par la remontée éclair de son ancien Premier ministre et ‘collaborateur. ‘Mister nobody’, disait-il, même s’il choisit aujourd’hui de lui apporter son soutien. (…). Fillon signant l’arrêt de mort politique de Sarkozy : ce boomerang de l’histoire, double surprise de la primaire de la droite et du centre, restera dans les annales”, résume ce lundi 21 novembre l’éditorialiste des Échos, Cécile Cornudet.

“Aucune amertume” ni “tristesse”

Cette défaite cinglante signe la fin d’une carrière politique de 40 ans. “Si je perds, c’est que je n’ai vraiment plus de pif”, confiait-il pourtant il y a quinze jours. L’ampleur de sa défaite n’en est que plus vertigineuse. Nicolas Sarkozy a obtenu 20,6 % des voix au premier tour de cette primaire inédite à droite dont il ne voulait pas au départ. Et suprême humiliation, il recueille plus de deux fois moins de voix que François Fillon (44, 2%). Il est aussi largement distancé par Alain Juppé, dont il ne pensait faire qu’une bouchée au second tour. Nicolas Sarkozy promettait pendant la campagne un “blast” qui lui a explosé à la figure.

Dans son propre fief des Hauts-de-Seine, il obtient moins de 15 % des suffrages. “Nicolas Sarkozy et ses soutiens tombent de très haut. Ils se sont auto-persuadés que l’affluence dans les meetings et les queues devant les libraires pour les séances de signatures avaient valeur de sondages imparables. Quelle illusion d’optique !””, constate ce lundi matin Hervé Favre du quotidien La Voix du Nord. Depuis plusieurs jours, les sondages donnaient des résultats très serrés, mais aucun n’avait envisagé l’éviction pure et simple dès le premier tour de l’ancien chef de l’État.

Beau joueur dans son discours d’après-défaite, Nicolas Sarkozy a fait ses adieux à la politique, allant beaucoup plus loin que lors de sa déclaration de mai 2012, après avoir perdu face à François Hollande : “Il est temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique”, a-t-il lancé sans “aucune amertume” ni “tristesse” en choisissant Fillon plutôt que Juppé pour le second tour.

 

“Sarkozy, c’est toi ? T’as cinq minutes, pas plus”

Après sa défaite de 2012, il avait été plus prudent en parlant de faire de la politique “autrement”. Sans convaincre qui que ce soit. Pas même lui. Pendant les deux ans et demi qui ont suivi, Nicolas Sarkozy s’est réfugié dans ses bureaux d’ex-président, où journalistes, élus, décideurs économiques et autres “visiteurs du soir” défilaient. L’animal politique était loin d’avoir rendu les armes. Il en avait profité pour faire de nombreuses conférences (grassement payées) à l’étranger, ce qu’il pourra désormais continuer à faire, tel Bill Clinton ou Tony Blair.

En novembre 2014, il était redevenu chef de parti – président de l’UMP, rebaptisée par lui Les Républicains – avec un unique objectif : reconquérir l’Élysée.

Sa carrière politique avait débuté en 1975. À 20 ans tout juste, Sarkozy avait su se faire remarquer par le président-fondateur du RPR, Jacques Chirac, un homme dont il admirait le charisme. Lors d’un grand rassemblement à Nice, Jacques Chirac avait interpellé le tout jeune et nouveau président des jeunes RPR. “Sarkozy, c’est toi ? T’as cinq minutes, pas plus”. Le jeune homme se saisit du micro, harangue le public en s’écriant : “Être gaulliste, c’est être révolutionnaire”. Le “patron” est bluffé. La carrière du jeune Sarkozy est lancée. Après plusieurs postes à responsabilités au sein du parti, Sarkozy, à 28 ans à peine, prend la mairie de Neuilly-sur-Seine à un Charles Pasqua sidéré par tant de culot.

À partir de 1988, il est élu sans interruption député des Hauts-de-Seine. Puis en 2007, c’est la consécration : il devient le sixième président de la Ve République, un poste auquel il pensait même “en se rasant”. Entre-temps, il aura connu une traversée du désert, consécutive à son ralliement en 1995 à Edouard Balladur au détriment de Jacques Chirac. Une “trahison”, diront les chiraquiens qui ne lui pardonneront jamais.

Avec AFP

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