Présidentielle au Nigeria : fin de la campagne électorale

Le 14 février 2019 a été le dernier jour de la campagne pour la présidentielle du 16 février au Nigeria. Appris par Jeune Afrique, les candidats ont animé leur ultime meeting dans une ambiance généralement calme, malgré quelques heurts.

Les deux principaux candidats, Muhammadu Buhari, le président sortant, et son challenger Atiku Abubakar (opposition) ont choisi de s’adresser aux électeurs dans leurs États d’origine respectifs, Katsina pour le premier et Adamawa pour le second. Selon leur état-major, les deux septuagénaires voteront samedi dans leur village natal au nord du pays, majoritairement musulman.

72 autres candidats sont en lice pour le scrutin présidentiel. Pendant la campagne, l’ancien général Buhari (76 ans), qui avait dirigé le pays dans les années 1980, n’a pas nié les insuffisances de son mandat. « Cela n’a pas été un long fleuve tranquille », a-t-il reconnu, demandant à ses compatriotes de considérer « les progrès importants » accomplis par son gouvernement et de lui donner la possibilité d’achever les chantiers, notamment en matière de lutte contre la corruption, de sécurité et sur le plan économique.

« Il y a une dynamique en cours qu’il ne faut surtout pas casser », affirme un de ses admirateurs de Lagos. « Sa présence nous rassure et la sagesse qu’il incarne est nécessaire pour le développement stable de notre pays », affirme, survoltée, une femme dans une caravane dans les rues de Lagos.

Dans sa dernière « adresse à la Nation », le candidat de l’opposition, Atiku Abubakar s’en est violemment pris au président actuel, traitant sa présidence de « désastre ». Pour lui, le président Buhari a échoué dans sa politique de sécurisation du pays et ses résultats économiques sont décevants à  l’instar de sa politique anti-corruption qualifiée de « chasse aux sorcières contre les opposants ». « Le Nigeria ne pourra pas survivre à quatre ans de plus de cette médiocrité et de cette mauvaise gestion », a écrit l’ancien vice-président du pays (1999-2007) et candidat à la présidentielle pour la quatrième fois.

Homme d’affaires prospère et passionné des nouvelles technologies, Abubakar (72 ans) a mis les réseaux sociaux au cœur de sa stratégie de campagne : son programme électoral est tout en émojis… Il promet de redresser l’économie du pays et de mieux faire la lutte contre la corruption en privilégiant le retour des fonds détournés dans les caisses publiques grâce à une « amnistie ».

« Il aime les jeunes… C’est un jeune… Nous comptons sur lui pour apporter du sang neuf à la gestion de ce pays », soutient un jeune militant du parti populaire démocratique (PDP, opposition). Hamed, un autre militant du PDP, estime que « sa réussite dans les affaires est un bon indicateur qu’il réussira son mandat ».

Le 14 février, le groupe rebelle des Vengeurs du Delta du Niger, contestant l’autorité d’Abuja, a appelé à voter pour le candidat de l’opposition. « Atiku Abubakar est le seul candidat pour qui la population du Delta du Niger va voter », a publié le groupe, réputé pour ses attaques régulières contre les infrastructures du sud-est pétrolier du pays, une zone très pauvre et qui figure cependant parmi les dix plus grandes réserves mondiales de pétrole. Les rebelles ont lancé une mise en garde contre le président Buhari : s’il est réélu, des « instructions » seront données à des « équipes de grévistes » pour « paralyser l’économie nigériane à nouveau ».

La plupart des meetings se sont déroulés dans un environnement plutôt calme mais la fin de la campagne a été marquée par des heurts entre des supporters du Congrès des progressistes (APC, pouvoir) et les forces de l’ordre à Port Harcourt. Dans l’État de Rivers, des manifestants ont tenté d’envahir les bureaux locaux de la commission électorale indépendante (INEC) pour vérifier des bulletins au nom de leurs candidats.

Des bonbonnes de gaz lacrymogènes ont été lancées par la police pour disperser la foule tendue. Dans un contexte où les violences électorales et post-électorales sont fréquentes, les candidats ont accepté de signer, le 13 février, un « accord de paix » par lequel ils renoncent au recours à la violence et s’engagent à reconnaître les résultats de ce scrutin auquel sont appelés 84 millions d’électeurs.

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