Législatives au Bénin : l’opposition lance un ultimatum à Patrice Talon

Au lendemain du scrutin, l’opposition politique s’est adressée à Patrice Talon. Appris par Jeune Afrique, les principaux responsables de l’opposition, dont Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi, ont demandé au président Patrice Talon de tirer tous les enseignements de la faible participation aux élections législatives du 28 avril, et d’arrêter le processus électoral avant ce mardi soir au plus tard.

C’est à l’ancien siège de la Renaissance Bénin (RB), rebaptisé « siège de la résistance » il y a quelques semaines, que l’opposition béninoise, absente du scrutin, a choisi de se rassembler au lendemain des élections législatives du 28 avril. Rosine et Nicéphore Soglo, Thomas Boni Yayi, Candide Azannaï, le représentant de l’Union sociale libérale (USL) de Sébastien Ajavon, en exil en France, ou encore Éric Houndété ont fait face, lundi 29 avril en fin d’après-midi, à la presse et une cinquantaine de partisans chauffés à blanc. Les trois premiers cités se sont exprimés. Tour à tour offensifs, moqueurs, voire insultants, déterminés à empêcher l’installation de la future Assemblée nationale, ils ont lancé un ultimatum à Patrice Talon lui demandant d’arrêter le processus électoral avant ce mardi soir au plus tard.

« Le peuple a infligé à Talon un démenti cinglant, impitoyable. Je voudrais que le président de la République comprenne que s’il ne veut pas écourter son mandat, il est indispensable que l’on ait de vraies élections. La balle est dans son camp. Si Talon continue comme ça, il ne finira pas son mandat », a lancé Nicéphore Soglo.

« Il faut que monsieur Patrice Talon tire toutes les conséquences du rejet à plus de 96% de son projet néfaste, dictatorial, de nomination des députés à l’Assemblée nationale, qu’il renoue le dialogue avec l’ensemble de la classe politique à l’effet de trouver des solutions consensuelles pour la tenue effective des élections législatives, transparentes et crédibles dans un climat démocratique apaisé, dans l’unité, la paix et la cohésion nationale », a-t-il poursuivi.

L’ancien président Thomas Boni Yayi a lui estimé que le Bénin traversait « une crise profonde » et que la solution se trouvait entre « les mains du chef de l’État et du peuple ». « Le président possède tout l’arsenal juridique pour mettre fin à ce processus qui a réussi à diviser le Bénin et prendre le chemin de la voie consensuelle. S’il ne s’exécute pas, nous appelons le peuple à prendre toutes ses responsabilités. Talon marchera sur notre corps pour installer ses députés », a déclaré Yayi, évoquant des taux de participation oscillant « entre 5 et 10% ».

Dans un communiqué diffusé le même jour, l’ambassade des États-Unis au Bénin avait déploré « l’impossibilité pour les partis d’opposition de participer aux élections législatives », menant à des « élections ni entièrement compétitives, ni inclusives, et qui ne reflètent pas le Bénin que nous connaissons ».

De son côté, Wilfried Houngbedji, le porte-parole de la présidence, a déclaré à Jeune Afrique que « le processus électoral s’est déroulé conformément à la loi, il ira à son terme. Ceux qui parlent d’ultimatum, qui menacent un président légitimement élu, sont les seuls responsables de leurs actes », a-t-il déclaré.

Un peu plus tôt dans la journée, la plateforme de la société civile avait présenté ses conclusions. « Les chiffres expriment une situation inédite. Il est fortement probable que le taux de participation reste le plus bas depuis l’avènement du renouveau démocratique », a déclaré la présidente de la plateforme, Fatoumata Batoko Zossou. Elle a évoqué les incidents survenus lors du vote, « des incendients de matériel électoral, des accrochages, des indemnisations à l’aide de forces occultes endogènes ». Selon la plateforme, ces heurts ont entraîné la mort de deux personnes, à Savè et Parakou. Une information pour le moment démentie par les autorités.

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