Législatives au Bénin : faible affluence et réseau internet coupé

Marquées par l’absence de l’opposition, les élections législatives du 28 avril se sont déroulées dans le calme, malgré quelques incidents signalés dans le nord du pays. Appris par Jeune Afrique, l’affluence semble avoir été très faible, et le réseau Internet a été coupé une bonne partie de la journée.

Le Centre scolaire Sidé-Sud, dans le 7e arrondissement de Cotonou, est presque vide. Il est un peu plus de 17h00 (16h GMT) le dimanche 28 avril, et le dépouillement des sept bureaux de vote vient à peine de s’achever. Il y a trois ans, alors que les Béninois élisaient Patrice Talon à la présidence de la République, il y régnait une atmosphère de fête, un soupçon de revanche. Pas cette fois.

On croise des agents électoraux, quelques observateurs. La poignée de jeunes militants de l’Union progressiste et du Bloc républicain fait grise mine. Peu importe si leurs partis, tous deux issus de la majorité présidentielle et les seuls autorisés à participer aux élections, se partageront les sièges de députés en jeu. Ils savent qu’un des grands enjeux du scrutin, le taux de participation, n’a pas tourné en leur faveur. Ici, seulement 409 personnes se sont déplacées sur les 3 053 inscrites sur les listes, soit 13,40 % de participation. Des tendances similaires ont été constatées dans plusieurs bureaux de vote de Cotonou.

L’affluence a été un peu plus importante à l’école publique Charles Guiyot Zongo, où Patrice Talon et son épouse ont voté dimanche à 8h. Ici, 31 % des électeurs se sont déplacés. Mais toute la journée, la ville a semblé tétanisée. Oscillant entre peur des incidents, désintéressement et respect des consignes de boycott données par l’opposition, les habitants de Cotonou ont majoritairement choisi de rester chez eux.

Aucun incident n’a été signalé à Cotonou, comme sur une bonne partie du territoire. Le vote a en revanche été perturbé dans plusieurs villes du Nord. À Tchaourou, le fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, les bureaux et les urnes de vote ont été incendiés, des journalistes de la télévision nationale agressés. À Savè, la ville de l’ancien ministre Komi Koutché, des manifestants ont affronté les forces de l’ordre, faisant deux blessés parmi la police. Enfin, de sérieux incidents se sont produits à Parakou, où le maire Charles Toko et le député Rachidi Gbadamassi ont été empêchés de voter.

Difficile d’évaluer les conséquences que ces élections législatives, dont les résultats provisoires doivent être connus d’ici à mardi, auront sur la vie politique béninoise, mais elles marquent un tournant dans l’histoire contemporaine d’un pays jusque-là cité en exemple démocratique. En effet, le scrutin n’a pas seulement été le premier sans opposition depuis la conférence nationale de 1990; depuis dimanche, le Bénin a rejoint le cercle des pays où l’accès à Internet a été suspendu le jour d’une élection.

Dès minuit samedi soir, l’accès aux réseaux sociaux avait été bloqué. Le lendemain dans la matinée, certains Béninois réussissaient tout de même à se connecter sur leurs téléphones en utilisant des applications VPN (abréviation de Virtual Private Network, réseau virtuel privé). À la mi-journée, l’ensemble du réseau Internet avait été progressivement coupé sur presque l’ensemble du territoire. L’accès n’a été rétabli que dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 avril. Les autorités n’ont pour le moment fait aucun commentaire.

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