Hygiène au Burkina Faso : L’état désagréable de certaines toilettes hôtelières à Koudougou

 

La question de l’hygiène et l’assainissement est préoccupante au Burkina Faso. Elle revient fréquemment dans les débats au sein des ménages et des infrastructures hôtelières. En voyage d’étude à Koudougou, nous avons fait le constat dans quelques hôtels.

Arrivés à Koudougou lors d’un voyage d’étude, une ville du Burkina Faso, nous avons saisi l’occasion pour faire le constat des conditions de quelques toilettes dans les hôtels mais à notre avis, une amélioration véritable doit être mise en exergue.

Dans un premier hôtel que nous avons visité, les conditions sont désagréables : Des chasses d’eau couvertes de poussière, des cafards par-ci, des salamandres par-là, des bouilloires pleines d’eau sale déposées inopinément à l’angle, des lavabos et lave-mains non fonctionnels et des urinoirs aux odeurs nauséabondes. C’est ce qui est observé dans certains hôtels soi-disant de haut niveau à Koudougou.

« Vraiment, je pense que les responsables de l’hôtel peuvent faire quelque chose pour rendre ces toilettes assez propres », avance un client venu de la ville de Dori et qui a requis l’anonymat. Nous sommes en voyage d’étude dans la « Cité du Cavalier Rouge », ville située à une centaine de kilomètres de Ouagadougou, la Capitale.

Nous accostons l’une des réceptionnistes de cet hôtel que nous préférons taire le nom, qui tente de nous donner une bonne image des toilettes dans ledit hôtel. Souriante, elle est, quand même, un peu surprise de notre présence. Elle nous prête néanmoins une oreille attentive. Après une brève présentation de nos objectifs, nous allons droit au but en tentant de savoir davantage sur l’entretien des toilettes dans cet hôtel.

« On a un personnel chargé de nettoyer les toilettes chaque jour. Ici, les toilettes sont nettoyées deux fois par jour. C’est-à-dire le matin à partir de 8h et puis dans l’après-midi », nous confie-t-elle après plusieurs minutes d’hésitations. L’air méfiante, elle dit regretter l’absence de son supérieur hiérarchique qui serait mieux placé pour apporter certains détails.

Notre confidente ne s’arrête pas là. « Des fiches d’enquête sur l’état des toilettes sont souvent adressées aux clients. Mais, c’est le Directeur général qui détient ces informations gardées top secret », lâche notre interlocutrice. Elle informe, par ailleurs, que le personnel de l’immeuble dispose de toilettes externes spéciales, et rassure que toutes les toilettes de l’hôtel sont lavées au savon liquide en plus de désinfectants.

Visite d’un autre hôtel, même constat

Afin de pouvoir s’imprégner davantage des réalités, nous avons décidé de visiter un autre établissement hôtelier situé à environ quelques mètres du précédent. Là également, nous constatons les mêmes conditions désagréables. A notre arrivée, le gérant de cet hôtel était en train de prendre son déjeuner composé de viande grillée avec une miche de pain, le tout accompagné d’une bière fraîche. Étant au courant de notre entretien car informé par une personne de notre équipe, ce gérant nous rejoint, quelques instants après avoir fini de manger, pour répondre à nos questions sans ambages.

Il fait savoir que les moindres recoins des toilettes de l’hôtel sont inspectés chaque matin, une fois par jour. Dans cet hôtel, des garçons s’occupent des chambres et des toilettes du haut. Les femmes, elles, s’attèlent à rendre impeccables celles du bas. Mais, dans la plupart des toilettes de cet énième hôtel visité, le constat reste le même. Il peut arriver que l’on constate un embouteillage entre cafards, moustiques, salamandres et autres espèces. Toutefois, pour ce gérant, les raisons peuvent être trouvées ailleurs. Selon lui, les responsabilités sont, en effet, partagées.

« Il y a certains clients qui sont trop exigeants. Lorsqu’ils prennent une chambre, ils souhaitent que la chambre soit nettoyée avec leur produit de choix, et devant eux. Les raisons qu’ils évoquent c’est que, comme quelqu’un d’autre occupait la chambre avant eux, il va de soi que la chambre soit très bien nettoyée devant eux », révèle ce gérant, tout en critiquant les habitants du continent africain.

« Nous, les Africains, on utilise mal les toilettes »

A en croire l’homme frisant la cinquantaine, les toilettes externes sont plus utilisées que celles internes. Il va donc de soi, dit-il, que les toilettes internes soient plus propres que celles externes qui s’avèrent difficiles à entretenir. Sourire au coin, il finit par jeter l’anathème sur les Africains dans leur ensemble : « Nous, les Africains, on utilise mal les toilettes ».

Après avoir recueilli les propos du gérant, nous avons en même temps, saisi une nettoyeuse de cet hôtel. Elle dit être fière de son travail. L’insalubrité dans les villes et villages, renchérit-elle, peut être source de nombreuses maladies. Arrêtée la main droite adossée à sa hanche, cette femme n’entend pas contredire les affirmations de son employeur. « Nous utilisons même, très souvent, de l’acide pour nettoyer les toilettes. C’est rare que des clients nous fassent des reproches. Au contraire, ces derniers nous félicitent pour notre travail », a-t-elle laissé entendre.

Malgré notre constat des lieux, un commerçant venu de Bobo-Dioulasso et client de l’hôtel, soutient que les toilettes sont assez bien entretenues, même si des améliorations peuvent être indispensables. « Dans ma chambre, en tout cas, ce n’est pas mal. C’est propre », se réjouit-il, assis, un paquet de cigarettes sur la table.

 

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