Côte d’Ivoire : le nouveau bureau de l’Assemblée nationale s’installe

L’Assemblée nationale ivoirienne dispose depuis le lundi 06 mai 2019, d’un nouveau bureau entièrement contrôlé par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle). Appris par Jeune Afrique, l’opposition dénonce un « recul démocratique ».

Plus d’un mois après l’élection d’Amadou Soumahoro, fidèle du président Alassane Ouattara, en remplacement de Guillaume Soro, la Chambre haute du Parlement ivoirien, peut désormais étudier les lois soumises par le gouvernement.

La réunion plénière, habituellement ouverte à la presse, s’est finalement déroulée à huis clos, à la demande de certains députés issus du RHDP. La raison ? Les crispations entre les quatre principaux groupes parlementaires présageaient d’une élection sans consensus.

Les pourparlers entamés par Amadou Soumahoro avec les responsables des trois groupes parlementaires de l’opposition avaient échoué et samedi, déjà, Le Nouveau Réveil, journal proche du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié, qui revendique 68 députés contre 159 pour le RHDP), dénonçait « un passage en force » du RHDP.

À l’issue du vote boycotté par les 94 députés des trois groupes parlementaires de l’opposition, le nouveau bureau de l’Assemblée nationale a donc été élu. Présidé par Amadou Soumahoro, il comprend onze vice-présidents, douze secrétaires et trois questeurs.

C’est un bureau dominé par le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel). Mamadou Diawara, Brou Adjoua Peuhmond et Kinaya Juliette Camara sont tous des militants de la première heure du RDR.

De même, des proches du ministre Albert Toikeusse Mabri, président de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) et vice-président du RHDP y occupent des postes importants. PDCI-Renaissance, du vice-président Daniel Kablan Duncan, y est aussi représenté.

Petit grincement de dents, toutefois, chez Evariste Méambly qui était président de groupe parlementaire (ayant rallié le RHDP) et qui doit se contenter d’un poste de onzième secrétaire.

Pour Olivier Akoto, porte-parole du groupe parlementaire PDCI, « le reflet de la configuration politique est une condition nécessaire au bon fonctionnement du bureau de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi, nous avons refusé de participer à cette prétendue élection qui marque un véritable recul démocratique ».

Plus précise, Yasmina Ouégnin, présidente du groupe parlementaire Vox Populi, dénonce le viol de la constitution. « Le règlement de l’Assemblée nationale, en son article 8, mais aussi la constitution en son article 100 qui stipule : “L’opposition parlementaire dispose de droits qui lui garantissent une représentativité adéquate et effective dans toutes les instances du parlement”. Je n’ai pas voulu de cette Constitution, mais elle s’impose à moi et je la respecte dans tous ses articles, à commencer par l’article 100. Je suis étonnée de voir que ce sont les groupes parlementaires qui ont défendu bec et ongle la constitution, qui prennent aujourd’hui sur eux de la violer ».

Le RHDP ne fait pas la même lecture que son opposition. Pour Aboulaye Ben Méité, élu premier secrétaire, « la séance s’est déroulée dans un esprit démocratique. Au-delà de tout ce qu’on peut dire qui résulterait d’une fébrilité politique, la démocratie a triomphé ».

L’enjeu du contrôle du bureau de l’Assemblée nationale est d’ordre financier et, surtout, politique, à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2020. Ses membres perçoivent certes des primes importantes, ainsi que divers avantages matériels. Mais, surtout, c’est le bureau, en tant qu’organe de direction de l’Assemblée nationale, qui définit le calendrier parlementaire, la conférence des présidents, la recevabilité des textes, la composition des commissions ou encore la levée des immunités.

Si l’opposition envisage de saisir la Cour constitutionnelle, le bureau devrait rapidement s’attaquer à la composition des commissions et envisager d’étudier plusieurs réformes du gouvernement, notamment les quatre projets de loi majeurs annoncés à l’ouverture de la session parlementaire, sur la filiation, le mariage, les minorités et la succession.

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