Centrafrique : l’accord de Khartoum menacé par le massacre d’une trentaine de civils

Au moins 35 personnes ont été tuées mardi dans l’ouest du pays, la tuerie la plus importante recensée depuis la signature en février de l’accord de Khartoum entre le gouvernement et les groupes armés. Appris par Jeune Afrique, l’ONU a lancé un ultimatum au groupe soupçonné d’être responsable des massacres, signataire de l’accord de paix.

« La Minusca condamne avec la dernière énergie les tueries intervenues dans les villages de Koundjili et Djoumjoum, avec plus de 26 morts et de nombreux blessés », a indiqué le représentant du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique, Mankeur Ndiaye. Le bilan a depuis été revu à la hausse, et fait état de 34 morts et 5 blessés. Il s’agit de la tuerie la plus importante depuis la signature, le 6 février dernier, d’un accord de paix entre le gouvernement et 14 groupes armés.

Préparé depuis 2017 par l’Union africaine, l’accord signé en février à Khartoum est le huitième depuis le début de la crise. Aucun des précédents accords n’a abouti à un retour de la stabilité.

Le massacre s’est déroulé dans ces deux villages situés à une cinquantaine de km de Paoua, près de la frontière avec le Tchad.

« Le 21 mai, des éléments du groupe armé 3R (Retour, réclamation, réconciliation) avaient organisé une réunion avec des habitants des villages de Koundjili et de Djoumjoum », a précisé une source onusienne. « Lorsque les villageois se sont présentés, les éléments de 3R auraient ouvert le feu sur eux de manière indiscriminée, tuant 12 civils à Koundjili et 14 à Djoumjoum », a-t-on ajouté.

Le groupe 3R, qui prétend protéger les Peuls, est un signataire de l’accord de paix de février. En retour, son chef, Bi Sidi Souleymane (alias Sidiki), a été nommé le 25 mars “conseiller spécial militaire” auprès du Premier ministre, en charge de la mise en place des unités mixtes associant membres des Forces armées centrafricaines (Faca) et groupes armés.

La mission de l’ONU dans le pays et les autorités centrafricaines ont lancé mercredi un ultimatum au leader du groupe 3R.

« Le gouvernement s’associe à la Minusca pour exiger de Souleymane Sikidi l’arrestation des auteurs de ce massacre sous 72 heures, sous peine d’être tenu responsable de ces actes », a déclaré le ministre de la Communication, Ange Maxime Kazagui, lors d’une conférence de presse conjointe du gouvernement et de l’ONU.

Le chef du groupe armé est également sommé de démanteler toutes ses installations et les barrières qu’il a dressées dans la région qu’il occupe, dans le même délai.

« Le gouvernement exhorte la population à ne pas céder à la tentation des représailles », a ajouté le ministre, alors que des informations font état de la mobilisation dans la région de combattants anti-balaka (des milices d’autodéfense qui affirment vouloir protéger chrétiens et animistes contre les exactions des groupes musulmans), pour en découdre avec les éléments de 3R.

Dans le sud-ouest du pays, une religieuse franco-espagnole de 77 ans, Inès Nieves Sancho, a été retrouvée lundi décapitée dans un village où elle enseignait la couture à des jeunes filles, selon le site Vatican News. Le pape François a évoqué mercredi sur la place Saint-Pierre l’assassinat « barbare » d’une religieuse « au service des pauvres ».

Selon le vicaire général du diocèse, rien n’a été volé dans le local où se trouvait la religieuse lorsqu’elle a été attaquée par ses agresseurs. Des témoignages font état de la possibilité d’un « crime rituel ».

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