Accord politique pour un parti unifié RHDP en Côte d’Ivoire

Après des mois de tensions entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, les chefs des partis de la majorité présidentielle se sont engagés à fusionner leurs formations politiques au sein d’une entité dénommée RHDP. Appris par Jeune Afrique, de nombreux obstacles restent néanmoins à franchir d’ici à la présidentielle de 2020.

Alors que les tensions entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara étaient vives et alors que leur dernier tête-à-tête, le 10 avril, s’était achevé sans que les deux hommes ne prononcent un mot publiquement, peu nombreux étaient ceux qui imaginaient qu’un accord sur le parti unifié était sur le point d’être scellé.

Maintes fois annoncée, sans cesse repoussée et parfois quasi-enterrée, la création de cette formation politique est finalement officialisée par les six chefs des partis de la majorité présidentielle, qui ont rendu leur « accord politique » public, le nom de « manifeste » a été abandonné.

Un seul parti, dénommé RHDP

Le texte, solennel, tient en deux pages et dit s’inscrire dans la continuité de l’œuvre de Félix Houphouët-Boigny. Pour la « paix », la « stabilité » et le « développement économique » de la Côte d’Ivoire, les partis disent proclamer « leur volonté de créer un nouveau parti. » Celui-ci s’appellera Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), est-il précisé.

Un choix qui n’a rien d’anodin et qui sonne comme un désaveu pour une frange entière du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). De nombreux caciques plaidaient pour que la nouvelle formation s’appelle RHDP-PDCI ou bien simplement PDCI, afin que le nom de l’ancien parti unique, historique, ne disparaisse pas.

Selon nos informations, le texte a été signé à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, ville natale du président Houphouët-Boigny, jeudi 12 avril, en marge de la rentrée du nouveau Sénat ivoirien. En bas de page, figurent ainsi les six signatures des représentants des partis du RHDP : l’UPCI, le PIT, le MFA, l’UDPCI, le PDCI et le RDR. Néanmoins, contrairement aux autres formations, ce n’est pas la présidente du Rassemblement des républicains, Henriette Dagri Diabaté, mais Alassane Ouattara, le chef d’Etat ivoirien et président d’honneur du RDR, qui a apposé son paraphe. Chacun s’engage « à assumer ses responsabilités devant l’histoire. »

Congrès extraordinaire puis 12 à 18 mois de transition

Désormais, cet accord politique doit être adopté par chacun des six partis, des congrès extraordinaires doivent ainsi avoir lieu. Le RDR a annoncé que le sien se tiendrait le 5 mai, l’UPCI se rassemblera le 28 avril ou encore le 12 mai pour l’UDPCI. Aucune date n’a en revanche été fixée par le PDCI, poids lourd de cette alliance.

Les statuts proposés par le Comité de haut niveau sur le parti unifié prévoient que chacune des formations entre ensuite dans une période de transition de 12 à 18 mois avant de s’auto-dissoudre pour rejoindre le RHDP, comme l’a révélé Jeune Afrique. Cela devra donc être fait avant la prochaine présidentielle, qui doit se tenir en octobre 2020, du moins théoriquement. « Nous ne sommes pas à quelques mois près », prévient déjà un proche d’Henri Konan Bédié. « Ce texte est la preuve que le débat est tranché. Nous allons bel et bien aller au parti unifié », s’est félicité Mamadou Touré, le porte-parole du RDR.

Cet accord prouve que les « anti » étaient des voix discordantes et non la voix officielle », estime le conseiller d’Henri Konan Bédié

Depuis de longs mois, de nombreux remous accompagnent le processus de création de ce parti unifié. Les réticences sont fortes au sein des deux poids lourds, et plus encore au sein du PDCI, divisé entre partisans et détracteurs du parti unifié. « Cet accord prouve que les « anti » étaient des voix discordantes et non la voix officielle », estime le conseiller d’Henri Konan Bédié. Alors qu’il semblait s’être rangé du côté des réfractaires à cette alliance avec le RDR, le Sphinx de Daoukro ne dément pas sa réputation d’homme insondable et imprévisible.

Points de blocage

Reste que de nombreux points de blocage demeurent en suspens, notamment celui du choix du candidat du futur RHDP à l’élection présidentielle, prévue en 2020. À plusieurs reprises, Henri Konan Bédié a affirmé qu’il ne transigerait pas : pour lui, cela doit être un homme issu des rangs du PDCI, en vertu d’un accord « d’alternance », scellé à Daoukro en 2014.

Un pacte que son allié du RDR ne reconnait pas. Alassane Ouattara et son entourage plaident ainsi pour des primaires afin, dit le président ivoirien, que soit choisi « le meilleur d’entre nous. »

Si cet accord est une nouvelle étape, de nombreux obstacles restent à franchir pour le RHDP d’ici à la présidentielle de 2020.

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