Abus sexuels en Centrafrique : la Minusca met en garde son personnel

Le personnel de la Minusca est visé par différentes accusations. Appris par Jeune Afrique, la mission de l’ONU en Centrafrique a annoncé qu’elle engagerait des poursuites judiciaires contre tout membre de son personnel qui se livrerait à des abus sexuels dans le pays.

« Nous voulons faire passer un message très clair : les abus et les exploitations sexuelles sont inacceptables », affirme à Jeune Afrique Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Quelques jours plus tôt, le 14 septembre, cette dernière annonçait qu’elle poursuivrait désormais devant la justice tout membre de son personnel, « militaire ou civil », qui se livrerait à des abus sexuels dans le pays, passibles de peines de prison. La Minusca sensibilise ainsi depuis le 3 septembre son personnel sur les « règles à respecter ». Affiches et t-shirts de sensibilisation sont également distribués dans les différents services par une équipe de la mission. Présentées en onze points, ces règles sont affichées au quartier général de la mission à Bangui mais aussi dans les bureaux. Elles rappellent par exemple au personnel les poursuites judiciaires qu’encourent les auteurs des faits d’exploitation ou d’un abus sexuel. « Il y a une politique de tolérance zéro », précise le porte-parole de la Minusca, rappelant que « tout auteur d’abus sexuel travaillant à la Minusca sera suspendu, rapatrié ou mis en prison ». La Minusca est l’un des plus grands recruteurs en Centrafrique. Ses employés sont également trois fois mieux payés par rapport au salaire moyen dans le pays. Il est « strictement interdit de solliciter des faveurs sexuelles en échange d’une somme d’argent, d’un emploi ou d’un traitement de faveur », rappelle la mission onusienne.

Appréciée de son personnel étranger, cette campagne de sensibilisation est néanmoins perçue comme « de la poudre aux yeux » par certains employés. « Il ne suffit pas d’élaborer des règles. Il faut se manifester avec force. Il y a déjà eu plusieurs cas d’abus sexuels dans le passé et où en sommes-nous ? Les suspects sont tranquillement rentrés chez eux avec des parodies de justice », se désole un employé centrafricain de la Minusca, contacté par Jeune Afrique. « L’État centrafricain doit s’imposer dans cette affaire. Ce sont des filles centrafricaines qui sont humiliées. Qu’a-t-on fait des anciennes règles pour aujourd’hui nous inonder de nouvelles ? », se questionne-t-il.

En juin 2017, le bataillon congolais de la Minusca avait été rapatrié, visé par plusieurs affaires dont des abus sexuels dans le pays. Quelques mois plus tôt, la mission française Sangaris avait également été touchée par des affaires de viols. Si une enquête a été ouverte, la justice française a prononcé en janvier dernier un non-lieu pour les soldats français soupçonnés, provoquant la colère des associations qui militent en faveur des enfants. En mars, alors que la ville de Bangassou, dans le sud-est du pays, était plongée dans une guerre civile, Mgr Juan José Aguirre avait dénoncé des cas d’abus sexuels commis par des casques bleus, sans préciser le contingent mis en cause. Ces affaires avaient même coûté à Babacar Gaye son poste de représentant de l’ONU en Centrafrique. L’actuel représentant, Parfait Onanga-Anyanga, a dénoncé à plusieurs reprises ces cas d’abus sexuels. De nombreux pays contributeurs de la Minusca, dont la République démocratique du Congo ou encore le Gabon, ont dû quitter la mission à la suite d’affaires de ce type incriminant leur contingent. « Inacceptable ! Certains membres du personnel continuent de violer nos règles et de bafouer nos valeurs. Nous viendrons à bout des résistances. Il faut prévenir pour mieux protéger », avait ainsi tweeté Parfait Onanga-Anyanga le 13 septembre dernier.

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